dimanche 20 novembre 2011

Le seuil des séries

Porte d'entrée souvent négligée de la série TV, son générique n'en reste pas moins un élément crucial, tant par le visuel qu'il propose, que par le choix de la musique utilisée, pour nous donner envie (ou pas) de nous y immerger plusieurs épisodes, voire plusieurs saisons. Je me suis amusé à sélectionner dix génériques de séries, certaines très récentes, d'autres plus anciennes, que je pourrais qualifier ainsi : "les génériques que même si tu les connais par coeur, tu peux pas t'empêcher de les regarder avant chaque épisode, tellement ils sont bien faits" ...

Game of Thrones

Destiné à faire entrer progressivement le spectateur dans l'univers médiéval-fantastique des Sept Royaumes, imaginé par l'écrivain George R. R. Martin, le générique de Game of Thrones s'ouvre sur le passage de l'astre solaire, entouré par une machinerie en forme d'anneaux qui évoque les anciens planétaires de la Renaissance. Ce premier symbole vient d'emblée souligner le rôle capital joué par le Soleil, dans un monde qui ne connait que deux saisons pouvant durer plusieurs décennies : un été de prospérité et un hiver source d'une terrible menace, puisqu'il est favorable à ceux que l'on appelle "les Autres", des êtres légendaires vivant au-delà d'un Mur gigantesque, situé au Nord du continent. La caméra survole ensuite une carte des différents royaumes en présence, dont les capitales respectives se déploient, au fur et à mesure, par un jeu complexe de rouages et d'engrenages, métaphore des machinations mises en place par chaque famille pour conquérir le pouvoir. On notera que le générique évolue, tandis que les épisodes dévoilent de nouveaux territoires, en les intégrant à la carte. Ainsi, le générique du 1er épisode ne présente-t-il que Port-Réal (siège des Sept Royaumes), Winterfell (château de la famille Stark), Châteaunoir (siège des Gardes de la Nuit, défenseurs du Mur) et Pentos (une cité-libre du continent d'Essos). Ajoutons enfin que le nom des acteurs se trouve toujours associé au blason de la famille à laquelle appartiennent leurs personnages.

Ce petit bijou de précision a été réalisé par Angus Wall et sa société Elastic, déjà à l'origine du somptueux générique de la série Rome. La musique est signée Ramin Djawadi, membre du studio Media Ventures, fondé par Hans Zimmer, studio dont les orchestrations caractéristiques ont illustré des films comme Gladiator, Le roi Arthur ou Kingdom of Heaven ... Pas toujours subtil, mais forcément épique !           
 



Les Mystères de l'Ouest

Conçu par Ken Mundie pour la DePatie/Freleng Enterprises, à qui l'on doit la célèbre ouverture de La Panthère rose, le générique des Mystères de l'Ouest (The Wild Wild West) parvient, en moins d'une minute, à exploiter tous les clichés du western et à synthétiser l'esprit de la série. Il se présente sous la forme d'une planche de bande dessinée, découpée en cinq cases qui vont s'animer en autant de saynètes, au style très cartoon. Cet aspect se trouve renforcé par l'excellente musique de Richard Markowitz (Les Envahisseurs, Hawaï, police d'état) qui vient par moment illustrer les saynètes à la manière d'un bruitage.

Les cases s'éclairent et s'animent donc successivement pour interagir avec le personnage central, un Cowboy à l'attitude désinvolte qu'on suppose être James West, le héros de la série. Celui-ci commence par allumer un cigare avec une allumette qu'il jette négligemment hors de sa case (1er cliché), avant de se mettre à marcher, de profil, vers la droite. Une seconde case s'anime alors et montre un voleur sortir d'une banque, un sac de billets sur l'épaule (2nd cliché), que le Cowboy maîtrise par une prise de karaté (renvoi aux nombreuses scènes de bagarres qui ont contribué à la popularité de la série). Dans la 3ème case, une main s'apprête à sortir un as de pic de la boucle d'une botte, vraisemblablement pour tricher pendant une partie de poker (3ème cliché). Le Cowboy pointe son pistolet vers elle et arrête l'action du tricheur (renvoi à la mission de justice et de maintien de l'ordre des héros), avant d'être lui-même mis en joue par la main armée de la 4ème case, dont il se débarrasse à l'aide d'un Derringer caché dans sa manche (renvoi aux multiples gadgets conçus par Artemus Gordon). Le Cowboy s'appuie ensuite, bras croisés, contre le bord de sa case. D'un coup d'ombrelle, la jeune femme, fort apprêtée, de la dernière case (clichés de l'entraîneuse de bar, de la prostituée et/ou de l'espionne) fait tomber le chapeau du Cowboy. Il l'attire vers lui pour l'embrasser. La jeune femme en profite pour sortir un couteau, mais le Cowboy la met k.o. par un puissant crochet à la mâchoire (renvoi au succès du personnage auprès de la gente féminine et à son machisme ... frappant. On notera que le titre original de la série, The Wild Wild West, peut être aussi bien compris comme une référence à l'"Ouest sauvage" qu'à "West le violent"). Le Cowboy s'éloigne vers le fond de la page dont l'ensemble des cases, désormais toutes éclairées, forme le drapeau américain (James West et Artemus Gordon sont agents des services secrets). Enfin, la planche de bande dessinée disparaît pour laisser la place à un train à vapeur (cliché de la conquête de l'Ouest et renvoi au train privé qui sert de quartier général aux héros).        



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