samedi 31 décembre 2011

New year's day

Une année s'achève dans une merde mondiale notable. La nouvelle ne devrait pas être bien meilleure ... Optimisme quand tu nous tiens. Le Lost Blog garde la morale et propose sa dernière vidéo pour 2011. Retour sur une séquence de film, datée de 87, qui reste toujours d'actualité. Encore que ... Robocop est sans doute, humainement, plus intègre que bien des représentants de l'ordre. Quoi qu'il en soit, je remercie Le Préz et Mr. Patate pour leurs messages de soutien, ou polémiques, toujours constructifs et salue la venue de Cautious Man comme visiteur V.I.P. du blog. Bonne fin d'année à tout le monde et rendez-vous la semaine prochaine !

Madrox 




mardi 20 décembre 2011

Looking for Kim

Découvert, via Libération, le blog de Marc Boch Kim Jong-II looking at things, succession de photos officielles de l'ancien dictateur nord coréen prises lors de ses visites officielles.







samedi 17 décembre 2011

Cadeau de Noël

Vu au Grand Webzé sur France 5, le cadeau que je rêve d'avoir à Noël ...


vendredi 16 décembre 2011

Plaisir de Noël

Parce qu'il y a des choses qu'on ne peut pas justifier. Deux crétins qui font des bonds dans leur Dodge orange marquée du drapeau sudiste, la voix de Waylon Jennings ... Je savais pas où caser cette vidéo, mais je voulais l'avoir sur le blog depuis longtemps. C'est bientôt Noël, tout est permis ...


 
Blue Velvet est sorti en 1986. Je me souviens l'avoir loué, sur les conseils de mon père, et regardé avec lui. La date exacte m'échappe, mais ça devait être l'année suivante. A l'époque, les films étaient disponibles (en VHS ...) douze mois après la projection salle, pas trois mois avant, comme c'est le cas aujourd'hui grâce à internet. J'avais déjà vu un film de Lynch en 1984, Dune, mais je n'avais pas encore pris conscience que deux films pouvaient avoir été réalisés par le même bonhomme. En revanche, j'avais constaté avec enchantement, en allant voir Indiana Jones et le temple maudit, que Yan Solo (il était Breton en ce temps-là) jouait aussi ... Indiana Jones ! Et là, le cinéma a commencé à prendre du sens dans ma vie. Bref, au premier visionnage de Blue Velvet, j'avais donc neuf ou dix ans et le film m'a durablement traumatisé. Notamment la scène de sadomasochisme entre Denis Hopper, respirant sa bonbonne d'oxygène, et Isabella Rossellini. En plus de ça, je le trouvais horriblement lent.

Puis le temps a fait son oeuvre. J'ai appris à maîtriser le concept de "réalisateur de film", je me suis fait mon premier cinéma tout seul (il y en a eu plein depuis, d'ailleurs ...) - c'était Rambo 3, mais j'avais dit à mes parents que j'allais voir L'Ours (que je n'ai vu qu'à 26 ans et trouvé moins bon que Rambo 3, j'avais eu un bon pressentiment ...). J'ai retrouvé Lynch à maintes reprises. Pour Sailor & Lula, Twin Peaks, une rediffusion d'Eraserhead (que j'ai trouvé terriblement prétentieux, mais plus maintenant) et Lost Highway. Aaah ! Lost Highway ... Les années fac. Un film rock'n'roll (Bowie, Rammstein, Marilyn Manson ...) et hermétique (il est schizo Bill Pullman ou pas ?). Un chef d'oeuvre, en somme. Le film que, de toutes façons, tout le monde respectait. Pendant ce temps, Blue Velvet restait remisé dans un coin du grenier. Comme Woody face à Buzz l'Eclair, mais un Woody qu'on n'aurait jamais vraiment aimé. Trop bizarre, ce cowboy ! Bien sûr, sans l'avoir revu depuis, je lui avais accordé une revalorisation de conversations : "Blue Velvet ? Ouais, sûr j'l'ai vu. Bah, il est bien, mais bon ... c'est pas Lost Highway, quoi."

Puis le temps a fait son oeuvre. La barbe a poussé. J'ai vu encore plus de films, Lynch a commencé à m'emmerder et un jour, je suis retombé sur Blue Velvet, dans une solderie. Pour 2 euros, pourquoi pas. Je pose la galette dans le lecteur et là, je n'arrive plus à me décoller du canapé. Le choc ! Disparue la lenteur, l'ambiance malsaine prend une dimension poétique noire, la réalisation est d'une fluidité incroyable, la photo splendide ... Au bout de 120 minutes, tout ému, je remets le film dans son écrin de plastique et vais le placer fièrement sur l'étagère à côté des autres Lynch. Dune, Twin Peaks ... Tiens, pas Lost Highway. Il est au grenier.  




mardi 13 décembre 2011

Bilan Blog & David Lynch

Compte tenu du bordel dans lequel devrait rester plongé mon appartement (pas au sens propre, j'espère ...) d'ici le départ pour les terres de l'Est, lundi prochain, je préfère remettre les articles du blog à mon retour. Trois mois d'existence plutôt bien remplie, ça me paraît pas trop mal pour un adepte de la procrastination. Il me reste à finir la biographie de Charles Maien et à poursuivre le Seuil des séries. Je ne voudrais pas les bâcler. Mes projets sur Lovecraft se sont modifiés avec le temps. Il n'y aura pas d'étude comparatiste comme annoncé, d'autres sites le faisant déjà très bien. Les apparitions du Mage de Providence se limiteront à la bio de Maien (que je veux soigner au maximum) et à la traduction de Till A' the seas (sur laquelle je travaille en ce moment et que je pourrai commencer à mettre en ligne d'ici peu). Il ne s'agit pas d'une nouvelle de Lovecraft, mais d'un très beau texte, écrit "à deux mains" avec Robert-Howard Barlow, dont j'ai découvert l'existence grâce à la bande dessinée d'Andréas et Rivière : Révélations posthumes (prêt du Préz !). D'ici là, viendront toujours se poster les découvertes du moment, comme le morceau qui suit, extrait du 1er album de David Lynch sorti cette année, Crazy Clown Time. 



mardi 6 décembre 2011

The Mask

Vu, enfin ... ! Le masque de la Mort rouge (1964), septième des huit adaptations d'Edgar Poe, réalisées par Roger Corman. Si je m'en réfère aux très sobres, mais très complets, bonus du dvd, édité par Sidonis Calysta, le film aurait du se faire bien plus tôt, mais Corman trouvait le sujet trop proche de celui du Septième Sceau de Bergman et a préféré se reporter sur La chute de la maison Usher (1960). Grand bien lui a pris, puisque Le masque ... a ainsi bénéficié d'un budget et d'un délai de tournage (cinq semaines au lieu de trois) plus importants que les autres oeuvres de la série dont il est considéré, avec La tombe de Ligeia (1965), comme l'un des sommets. Quoi qu'il en soit, Corman apparaît comme l'un des rares réalisateurs à avoir su retranscrire visuellement l'univers macabre de Poe, tout en apportant une réponse américaine aux productions horrifiques anglaises de la Hammer, qui dominaient les 60's. 


       

samedi 3 décembre 2011

Groovy !

Le seuil des séries : Twin Peaks ou les hiboux ne sont pas ce qu'ils paraissent


Note préliminaire :  ce texte s'appuie sur la vidéo qui la précède et qui est celle du pilote de la série. Certains éléments, présents dans ce générique, disparaitront ou seront modifiés par le suite (notamment le plan de la grume ou l'apparition du titre), mais ces modifications ne remettent pas en cause l'analyse globale de la séquence. 

Au premier abord, le générique deTwin Peaks ressemble à ces petits films promotionnels, destinés à mettre en valeur les atouts d'une ville et de ses alentours. Il vante ici les mérites d'une nature paisible et de sa faune (la grive sur sa branche qui ouvre la séquence), d'une activité humaine en accord avec cette nature (l'usine, le grume), d'une nature sauvage préservée (la cascade) et se conclut par un retour à la nature paisible (la rivière et les canards qui nagent près des berges). Au cœur de cette thématique d'harmonie, parfaitement cyclique, se trouve l'image iconique du panneau : Welcome to Twin Peaks. Population - 50201, dressé en bordure de route. Le générique se compose de cinq plans fixes (si l'on compte pour un seul élément la succession des trois plans filmés à l'intérieur de l'usine), d'un léger panoramique et d'un lent travelling latéral qui s'achèvent tous deux sur des plans fixes. Autant de reflets d'un monde stable et rassurant où la vie suit paisiblement son cours. La transition entre les plans est assurée par des fondus enchaînés, qui viennent renforcer le sentiment d'interconnexion entre tous les éléments décrits précédemment. Enfin, la musique d'Angelo Badalamenti, traversée par une ligne de basse hypnotique et des nappes de claviers envoûtantes, rejoue inlassablement son thème principal et souligne pleinement l'ambiance rassurante et feutrée, que nous présentent les images. Ces parti-pris esthétiques et musicaux ne sont évidemment pas innocents. Ils annoncent la volonté de David Lynch d'exploiter les clichés inoffensifs et les ressorts narratifs du soap-opera pour mieux les détourner.



Analyse



Le générique débute par un écran noir où résonnent les premiers accords de basse de la musique, puis s'ouvre sur le gros-plan d'une grive posée sur une branche de pin. Sa collerette orangée s'accorde à la douce lumière automnale qui baigne le plan. L'oiseau tourne légèrement la tête vers la gauche, comme mu par une certaine curiosité. L'arrière-plan est flou, mais laisse deviner un lac aux berges escarpées. A l'horizon, se dessine une ligne sombre qui pourrait être celle des collines que nous retrouverons au plan suivant. Il émane de ce plan d'ouverture un sentiment de sérénité, aussi pur que la musique qui l'accompagne, dans un milieu naturel dépourvu de toute présence humaine.



Cette présence se manifeste dès le plan suivant où, par le truchement du fondu-enchaîné, la grive cède la place à une usine qui crache sa fumée. Du cliché de la nature paisible, nous devrions passer subitement à celui de la nature polluée par l'Homme, mais il n'en est rien. En effet, par sa couleur brun sombre, le bâtiment semble complètement intégrée au milieu forestier qui l'entoure : un sapin aux branches immobiles, une route en terre et la fameuse ligne de collines qui barre, au loin, celle de l'horizon. Même les deux cheminées, dressées fièrement devant un ciel limpide, et les fumées blanches qui s'élèvent autour d'elles, sans qu'aucune brise ne vienne les troubler, participent au sentiment d'équilibre et d'harmonie qui se dégage du plan (dont on appréciera, au passage, la très belle et très ... équilibrée composition). Ce sentiment est amplement relayé par les trois plans successifs montrant, à l'intérieur de l'usine, des machines-outils en train d'affuter des scies circulaires que l'on imagine destinées à la coupe du bois. Alors qu'il s'agit d'une activité a priori très bruyante (on voit des lames de métal affuter d'autres lames de métal dans des gerbes d'étincelles), le mouvement des machines-outils est ramené à une simple, mais gracieuse chorégraphie. La musique gagne un peu en ampleur et une léger son de percussion, assuré par des balais, se fait entendre, qui vient se substituer à celui, strident, de l'affutage. Il n'est pas anodin que le titre de la série apparaisse à ce moment précis (ce qui explique aussi l'amplitude prise par la musique), puisqu'il s'agit précisément de l'image qu'on veut nous vendre de Twin Peaks : une ville dynamique, parfaitement intégrée à son environnement, où même les scies circulaires sont jazzy … Cette image est encore renforcée par le plan d'une grume massive posée sur un wagon de chemin de fer, sorte d'alternative à ces statues du bucheron Paul Bunyan, qu'on trouve fièrement dressées à l'entrée de nombreuses petites villes américaines. A l'arrière-plan de ce symbole d'une activité économique florissante, d'imposants sapins dont les cimes se découpent sur le ciel.



Arrive le plan emblématique de la série avec son panneau : Welcome to Twin Peaks. Population - 50201, sur lequel sont peints, dans un style presque naïf, les fameux Pics Jumeaux aux sommets enneigés et bordés de sapins (encore …) à la taille disproportionnée. Le panneau est planté dans l'herbe au bord d'une route qu'un virage fait disparaître, à gauche, en direction d'une forêt de ... sapins. Derrière le panneau, à moitié dissimulés par le brouillard, on distingue une montagne (un second relief apparaît plus loin à l'arrière-plan, s'agit-il du jumeau ?). En contrebas, une rivière bifurque vers la droite, dans un mouvement presque symétrique à celui de la route. Paix et tranquillité sur Terre ... Pas tout à fait.



Un coup d'œil au cours de la rivière permet de constater que celui-ci est figé. Nous sommes ainsi passé d'une succession de plans fixes, une caméra immobile filmant des éléments, plus ou moins, mobiles, à une caméra immobile qui filme une image, une photographie, par essence immobile. Le temps s'arrête et permet au malaise de s'installer. Si l'on revient à la composition générale de cette carte postale, que voyons-nous : les arbres qui se dressent derrière le panneau sont morts. L'hiver a remplacé l'automne des premiers plans et ses couleurs chaudes. La nature est en sommeil, son temps s'est, lui aussi, mis en suspens. Seuls restent verts les conifères, omniprésents dans tout le générique par le biais des sapins, arbres qui symbolisent la forêt. Une forêt dont semblent ici se détourner la route et la rivière, comme s'il émanait d'elle une sorte de menace. La série confirmera cette impression. Twin Peaks n'est pas une ville ouverte sur la nature qui l'environne, mais au contraire une ville fermée sur elle-même et que sa nature, donc sa forêt, révèle. Une forêt, qui comme celles des contes de fées, est le domaine du mystère, une porte d'accès vers le monde des esprits, mais également l'espace où peut se réaliser l'inconscient, les actes libérés du carcan pesant de la moralité (trafic de drogue, soirées de dépravation, meurtres …). On notera qu'à partir de l'épisode 2, c'est sur ce plan que débutera l'apparition du titre, comme pour mieux souligner ce qui est déjà parfaitement lisible sur le panneau et qui constitue, ni plus ni moins, la ligne directrice de toute la série, à savoir qu'à Twin Peaks les choses ne sont jamais ce qu'elles paraissent. Le voile du soap-opera se soulève au gré du vent qui agite la cime des arbres (plan récurrent de la série) et révèle une réalité bien plus complexe. Ainsi, ce qui devrait constituer le point culminant d'un film promotionnel à la gloire d'une communauté prospère se transforme en paysage brumeux, triste, froid et vide. Le dernier terme a son importance. En effet, le panneau paraît planté au milieu de nulle part. Aucune habitation n'est visible. Seul un poteau électrique, qui émerge au milieu des arbres morts et dont il se différencie à peine, trahit un présence humaine.



Si l'on prend le générique à rebours, on constatera que le phénomène est déjà présent dans les plans de l'usine, dont les alentours et l'intérieur sont complètement déserts. Où sont les voitures des employés ? Pourquoi ne voit-on pas un camion et son chargement garés devant le bâtiment ? Où sont les ouvriers chargés de la maintenance des machines ? Le générique d'une série, qui a pour titre le nom d'une ville, ne dévoilera jamais ni ses habitants, ni ses habitations, ni ses commerces. Les seuls êtres vivants à apparaître, et qui n'appartiennent pas à l'ordre végétal, sont la grive et les canards (ces derniers disparaîtront d'ailleurs dans les épisodes ultérieurs). Où sont les 50201âmes de Twin Peaks ? 50200 en réalité, puisque l'une d'elle vient de mourir ... c'est tout de même le point de départ de la série. Une réalité que le caractère photographique du « plan au panneau », mimétique de la mentalité de la ville, ne permettra jamais d'intégrer. Les choses doivent rester telles qu'elles étaient. Ainsi, le générique nous propose-t-il la vision d'un univers dont l'humain est exclu, une sorte de monde fantôme, Ghost Town, pour faire écho au projet immobilier de Ghost Woods, que le personnage de Benjamin Horne essayera de vendre à des promoteurs norvégiens. Un monde en suspens, en attente. L'avant-dernier plan du générique participe de cette volonté de supprimer toute présence humaine.



Il accompagne par un léger panoramique, premier des deux seuls mouvements de caméra du générique, la chute d'une imposante cascade (suite du cours de la rivière figée ?), cascade qui se situe derrière le Great Northern Hotel. Le plan sera réutilisé à maintes reprises par la suite, mais l'hôtel, et à travers lui la marque tangible d'une présence humaine, est ici coupé au montage (le bas des murs apparaît tout de même subrepticement au début du plan), pour mieux se concentrer sur l'évocation, et le cliché, d'une nature sauvage. Une nature sauvage qu'un effet de ralenti sur l'impact écumeux de la chute, au pied de la falaise, vient tout à la fois magnifier et réfréner. La caméra finit par longer le cours de la rivière, désormais apaisé. Une rivière aux eaux boueuses, gonflées comme on peut l'imaginer par les pluies et la fonte des neiges, sur laquelle se reflètent les arbres dépouillés de la rive opposée. Le générique s'arrête sur deux canards barbotant près des berges herbeuses. Retour à un équilibre très provisoire, puisque bientôt, sur la berge, lieu où depuis son commencement nous mène le générique, sera retrouvé le corps de Laura Palmer emballé dans une bâche en plastique. Figure moderne d'Ophélie, victime et parti prenante du dérèglement qui sous-tend toute une communauté. Incarnation de sa pureté factice et révélatrice de sa noirceur. Bienvenue à Twin Peaks !